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TermSpé: Gunnm et sa ville

par Maréva 10 Décembre 2009, 13:39 architecture

Kischiro Yukito a publié, de Mars 1995 à avril 1998, une série de neuf volumes mangas, du nom de Gunnm, et ce dans l’édition Glénat.

De nombreux sites se consacrent à la publication des différents tomes, accompagnés de dossiers spéciaux et de bonus. On retrouve notamment :

            - http://kyoji.gunnm.free.fr

            - http://www.gunnm-cyclopedia.org

            - http://sbk84.free.fr

            - http://users.skynet.be/gunnmzone/

 

Partant d’une histoire au temps du futur, « Gunnm » retransmet, grâce à ses dessins architecturaux, une utopie urbaine, une ville rêvée d’un point de vue urbanistique mais également la vision d’une ville duale pessimiste socialement.

En effet, malgré les grandes planches qui traversent la longueur d’une page, la ville se partage en deux grandes zones délimitant deux catégories sociales très distinctes, associées à deux types d’architecture de style différent. Ainsi la ville riche se positionne dans la verticalité, hissée sur un poteau souteneur et suspendue au-dessus du vide.

A l’image de « Clusters in the Air »  de Isozaki, la ville de Zalem explore la troisième dimension en marquant son ampleur grâce aux porte-à-faux qui s’élèvent. A partir de ce mât central qui assure une prise minimum et une soutenance au sol, un tissu urbain organisé se développe.

Comme le ferait Parent Virillo dans sa ville oblique, la modernité de Zalem passe par l’oblique et non par la rectiligne. En abordant une cité posée sur une dalle ovale, l’espace prend des angles ronds et élégants. Il gagne en place puisque tout territoire est occupé. Les architectures de forme rectangulaire ou en trapèze, sont strictement organisées en verticalité. Elles se soumettent à une interconnexion des lieux qui se retrouvent tels des plaques de circuits imprimés. Ainsi placées en bloc et condensées les unes sur les autres, celles-ci se veulent propres et cartésiennes sur le plan urbain, ce qui conduit à des règles d’hygiène extrême. Car le blanc symbole de pureté prédomine dans les constructions et démontre par conséquent la modernité. Il est sans doute accompagné du béton armé et du verre en tant que matériaux lisses. De plus, cette utopie éclairée répond aux besoins d’une ville nouvelle et s’apparente sur certains points à l’urbanisme progressiste. Par le dôme géodésique, tel celui de Buckminster Fuller à Manhattan, une partie sans doute importante de la ville, se retrouve sécurisée et protégée des aléas de la vie quotidienne. Au-delà de cette structure sphérique qui l’englobe, Zalem s’émancipe sous une vue rationaliste ; car par le biais de voies géométriques, les axes de circulation deviennent structurés. Les espaces de vie sont exposés à l’hygiène, et l’aération du terrain s’observe par les grandes rues. Les angles ronds des structures, de style « design », permettent et facilitent le nettoyage, garantissant de ce fait la propreté.

Aussi, la cité répond aux besoins fondamentaux de l’homme : la lumière, l’air, la nature, l’eau et la sécurité. En hauteur, la ville n’est pas cachée dans l’ombre, l’air pouvant y pénétrer sans difficulté. Cette organisation insère la verdure, les fontaines et les parcs en harmonie avec la société. Elle socialise la ville et permet la rencontre grâce aux réseaux partagés, d’où l’effet de bien-être, et d’homogénéité de la cité, évitant par conséquent le sentiment d’égoïsme.

La ville riche « en hauteur », en tant qu’utopie urbaine idéalisée, se situe  pourtant au-dessus de la ville des pauvres ; la première profite de la seconde et l’exploite ; la ville du bas, celle des ordures, repose sur le désordre, la maladie, le chaos et le pessimisme. Elle utilise les déchets des riches : l’unique moyen de subsistance.

Comme dans la plupart des bandes dessinées, les illustrateurs n’hésitent pas à déployer leur imagination pour évoquer l’idée du futur et proposer leur projet urbanistique idéal. En tant qu’acteurs et témoins de leur société, ceux-ci choisissent aussi d’aménager leur cité, dans le but évident de provoquer des critiques, témoigner des maux et des inégalités de la société.

 

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